Unique frontière terrestre entre le Laos et le Cambodge, ce poste douanier est réputé comme l’un (si ce n’est « LE ») plus corrompu d’Asie. Que ce soit du côté laotien ou cambodgien, les douaniers demandent des frais supplémentaires pour tout et rien, frais que la très grande majorité des voyageurs payent sans même savoir à quoi ils correspondent. De notre côté, il était hors de question de participer à ce cirque et de cautionner les bakchichs. Nous nous étions donc bien renseignés au préalable sur des groupes et blogs de voyageurs afin de préparer notre argumentaire et notre plan d’attaque pour passer cette frontière sans dépenser un seul centime de plus que le prix officiel du visa.
Spoiler alert : on a réussi cette mission haut la main, en moins d’1h30 et sans élever une seule fois la voix ! 💪
Marion & Quentin 2 – 0 Douaniers ! On vous raconte cette épopée, et nos conseils pour la passer à votre tour à moindres frais.
Etape 1 : rejoindre le poste frontière depuis les 4000 îles
Après un merveilleux séjour aux 4000 îles (un de nos endroits préférés au Laos), il était temps de nous diriger vers le troisième pays de notre tour du monde : le Cambodge. Nous avons donc réservé, la veille de notre départ, un bateau pour Nakasong + un mini van pour nous déposer à la frontière pour 100 000 kips à 2 (8,94€).
Hormis un petit incident sur notre trajet (le bateau s’est échoué sur un rocher dans le Mékong et des passagers ont du descendre à l’eau pour aider le batelier à le retirer de son rocher 😅), cette première étape s’est déroulée presque sans encombres.
A noter : nous avions fait le choix de ne pas booker de van direct jusqu’à Phnom Penh pour éviter d’être trop contraints sur les horaires de passage de frontière, et de céder à la corruption par peur de louper notre bus qui partait très tôt (11H40). Après coup, nous vous conseillons de booker votre trajet en 2 fois (1 van jusqu’à la frontière), puis un bus plus tard, sans horaire fixe pour être tranquille lors du passage de frontière. On vous explique tout ça en fin d’article.
Nous voilà donc arrivés à 10h40 au poste frontière laotien pour sortir du pays.
Etape 2 : obtenir le tampon de sortie du Laos sans payer les 2$ par personne demandés
Un peu stressés par ce passage de frontière dont nous avions entendu tellement de témoignages négatifs, voire angoissants, nous avions pris le parti de bien fignoler nos arguments. Objectif : miser sur un appel fictif, la veille, à l’ambassade française pour s’assurer des modalités de passage de la frontière, et rester calmes et fermes sur nos positions.
Nous avions déjà expérimenté la gestion de conflit avec des laotiens à Vientiane (pour une histoire de bus réservé avec la guesthouse qui était finalement plein et nous a contraint à rester un jour de plus sur place) et qu’on se le dise : ce n’est pas leur fort ! Les laotiens, et les asiatiques de manière plus globale, semblent très déstabilisés par l’agacement ou le mécontentement et fuient littéralement le conflit. Dès que le ton monte, ils tournent les talons ! Beaucoup de voyageurs sur les groupes Facebook suggéraient de se mettre en groupe, de faire un scandale, de menacer d’appeler l’ambassade, de « gêner » les douaniers en faisant du bruit etc… Après plusieurs mois en Asie cela ne nous a pas semblé être la posture idéale. Nous avons donc opté pour une attitude très calme, agréable, mais ferme vis à vis des douaniers, et ça a payé !
Nous arrivons donc à 10H40 au poste frontière avec nos formulaires de sortie (donnés lors de notre entrée sur le territoire). Vous devez impérativement garder ces formulaires précieusement car ils n’en donnent pas au poste laotien, ou vous payer 5$ pour en récupérer un.
Vient notre tour ! Je donne nos passeports au douanier, qui check nos formulaires et me demande 2$ par personne pour le tampon. Préparée à cette annonce, je lui répond gentiment et discrètement (c’est important, vous verrez pourquoi ensuite !) que « j’ai appelé l’ambassade française hier pour vérifier et qu’il n’y a rien à payer à ce guichet« . Sans surprise, le douanier refuse et nous dit d’aller au poste cambodgien. On remarque qu’il n’a pas tamponné notre passeport (indispensable pour quitter le pays) et refusons donc de bouger (il voulait nous faire faire un aller/retour gratuit le bougre sous 35° avec les sacs). Il nous demande donc de nous mettre sur le côté. Nous retournons nous asseoir sur les bancs en face du guichet pour patienter.
C’est là que va se jouer le petit numéro. On comprend rapidement qu’il va falloir s’armer de patience car le douanier ne cèdera pas tant que les autres voyageurs, qui nous ont vu nous faire refuser, ne seront pas encore passés. Nous sommes uniquement 2 à résister, tous les autres voyageurs payent à tour de rôle, sans jamais questionner cette taxe.
Un 3e douanier supervise le flux de voyageurs vers les deux guichets. Il nous dit de nous asseoir et d’attendre, ce que nous faisons sans rechigner. Pendant un petit quart d’heure, on échange quelques regards et sourires avec le douanier, sans insister. Une fois les voyageurs des premiers vans passés, il revient nous voir pour nous demander nos passeports et les embarque discrètement dans le bureau officiel. On le suit du regard et on le voit tamponner nos passeports à l’écart. A son retour, il nous rend les passeports en faisant un « chut » de la main (no joke, on aurait dit un enfant qui a caché des bonbons dans son sac 😅), dos aux autres voyageurs, en nous montrant que le tampon de sortie a bien été apposé et en nous demandant discrètement de filer vers le poste cambodgien.
Round 1 gagné. 💪
Etape 3: payer le prix officiel du visa côté Cambodge (30$ au lieu des 38$ demandés)
Côté cambodgien, rebelotte ! Nous arrivons dans une salle avec des guichets fermés et un petit bureau à l’abri des caméras de surveillance auquel est assis un douanier (sans insigne) qui compte ses liasses de dollars.
Un premier douanier distribue des formulaires à remplir (gratuitement, ouf) et le deuxième se charge de l’encaissement, avant d’emmener les piles de passeports dans l’arrière-salle pour y coller les visas. Une fois les formulaires remplis, on se dirige vers le bureau avec le compte rond (30$ par personne) glissé dans nos passeports. Le douanier me demande « 38$ par personne ». Je refuse discrètement en lui répondant que « j’ai appelé l’ambassade française hier qui m’a assurée que le prix officiel est de 30$ » (on recycle les arguments). Il joue la surprise, me maintient que c’est 38$ par personne, je refuse, et il me fait signe de me mettre sur le côté et d’attendre pour éviter que toute la file d’attente n’entende la discussion. J’attends patiemment en le voyant énoncer des prix variables en fonction des voyageurs (36$, 38$, 40€…). Chacun paye sans poser une seule question, même ceux qui avaient payé leur e-visas au préalable…
Le cambodgien abat une nouvelle carte et décide de pimenter la partie. Profitant d’un creux dans le flux de touristes, il part « aider » ses collègues dans l’arrière salle pendant 30min. A son retour, je retente ma chance en lui glissant nos passeports avec les 60$ dedans (pas un centime de plus). Il voit que le montant n’a pas changé, me regarde avec un air dépité, et s’empresse de prendre les passeports et de cacher les billets dans sa liasse pour ne pas donner à voir le montant réel payé.
2 – 0 pour nous ! Nos passeports partent dans l’arrière salle pour réaliser notre visa ! 💪 Malgré quelques tentatives d’intimidations comme nous dire qu’ils allaient contacter les autorités, ou notre compagnie de bus pour lui dire qu’on avait pas payé (totalement inutile puisque…. nous n’avions pas de billets réservés. Conseil : si on vous demande vos tickets de bus, dites que vous n’en avez pas et ne les sortez surtout pas !) nous récupérons enfin nos passeports et visas !
Ensuite direction un autre poste où il est indiqué « rien n’est à payer ici » (la bonne blague !), un douanier prend notre photos, nos empreintes, tamponne notre passeport et nous voila entrés au Cambodge !
Etape 4 : rejoindre Phnom Penh en bus
Bon, c’est là que les choses se corsent ! On peut pas gagner à tous les coups ahah !
On avait prévu de prendre notre billet de bus après la frontière car il y’a plusieurs compagnies de mini van qui partent vers Phnom Penh et que plusieurs voyageurs avaient pu les acheter directement sur place. Malheureusement, une fois la frontière passée, pas de chance ce jour-là, tous les vans étaient « full » ! Plus aucune place de disponible. La frontière est en pleine cambrousse et la première ville est à 20km de là. Pas vraiment pratique pour s’y rendre à pied ni faire du stop car aucune voiture ne passait la frontière dans ce sens… On a finalement trouvé une solution pour nous emmener à la ville avec… tenez-vous bien… vous n’êtes pas prêts pour cette chute : le douanier cambodgien a qui j’ai tenu tête pendant 40min nous proposant la course sur sa pause dej ! 😂 Comme quoi, on a bien fait de rester sympas avec lui ! 😂
Nos conseils pour passer la frontière Laos - Cambodge : de Nong Nok Khiene (4000 îles) à Trapaeng Kriel
- Préparer vos arguments pour en avoir sous le coude le jour-j
- Restez toujours souriants, agréables, calmes mais fermes
- Evitez de booker un van trop tôt de l’autre côté de la frontière pour ne pas stresser. Les douaniers savent que vous avez un bus à prendre et jouent la montre pour vous faire céder.
- Ayez les comptes ronds sur vous (30$ par personne pour le visa) car les rendus monnaies sont en votre défaveur
- Ayez des dollars sortis du distributeur tous propres et non pliés car sinon, ils seront refusés.
- Assurez un transport de l’autre côté de la frontière car le stop y est presque impossible
20$ économisés à la frontière c’est quand même 2 nuits d’hôtel, 10 repas ou une excursions alors quand les budgets sont serrés en tour du monde, ça ne mange pas de pain ! 🙂 Et surtout, ça ne finance pas un système parallèle…
Alors si vous passez bientôt cette frontière, on croit fort en vous, et si vous l’avez déjà passée, racontez nous votre expérience en commentaires ! 😉